Retour à la liste de fiches

LA CONSOUDE
Symphytum officinalis
Boraginacées

Après l'ortie, j'ai une tendresse particulière pour la consoude. Elle sert à tant de choses, et elle est si peu exigeante ! (photos en bas de fiche et plus dans le "magasin photos")

La consoude est utilisée depuis la nuit des temps, on en a retrouvé la trace dans la nourriture des hommes des cavernes.

Elle est malheureusement tombée en désuétude, mais a connu un renouveau dans les pays anglo-saxons dès le 19ème siècle. Elle sert depuis longtemps à nourrir les animaux : chevaux, vaches, cochons, poules (qui pondent plus et mieux), et même chinchillas !!

La plante peut aussi bien être consommée fraîche que séchée, en fourrage. Sa racine aussi était donnée. Les romanichels la cultivaient là où ils passaient, et retapaient avec de la consoude de vieilles carnes qu'ils achetaient à bas prix, et les revendaient bien plus cher quelques semaines plus tard!!

La consoude va chercher loin ses éléments nutritifs : sa racine, une fois installée, plonge à 1,5 m et même deux mètres de profondeur ! Aucune plante herbacée ne va si loin. Une fois installée (au bout de 2 ou 3 ans) elle ne craint plus rien, mais avant, il faut veiller à ce qu'elle ait un arrosage suffisant, et à lui apporter de l'azote, par exemple sous forme de purin d'orties, et à désherber autour d'elle. Elle aime les terres profondes, du fait du développement de ses racines. Elle est riche en protéines, et bien que l'on trouve dans certaine littérature qu'elle serait riche en vitamine B12, faisant là exception car dans le monde végétal on n'en trouve que dans la spiruline, il semblerait qu'elle n'en contient pas. Elle contient bien des choses, mais pas de la B12 !. Elle fait un excellent engrais, riche en potasse, donc très complémentaire de l'ortie, qui est riche en azote.
Lorsqu'on fait des plantations, on peut prendre quelques feuilles fraîches d'ortie, une ou deux de consoude, les couper en morceaux, et les mettre directement au fond du trou de plantation. Reprise garantie de la plante !

Dans les années 70, un rumeur a été répandue : la consoude serait nocive du fait des alcaloïdes qu'elle contient. Des études ont été faites – s'il était besoin après des siècles de consommation sans souci – et il a été prouvé qu'elle ne nuisait en rien à la santé, ni humaine, ni animale.

Malentendu, ou rumeur délibérée contre une plante qui pourrait être dangereuse pour les lobbies de produits chimiques ? Elle est en effet si facile, si riche, si prospère, elle pousse si bien (de 40 à 100 tonnes de récolte par demi-hectare, selon la richesse de la terre) qu'elle pourrait mettre en péril des gens qui ne vivent que par la chimie... Toujours est-il que même si elle a été officiellement réhabilité, puisque ses feuilles ne contiennent pas plus d'alcaloïdes que les tomates ou pommes-de-terre, il y a toujours pas mal de publications qui la décrivent comme toxique. Attention cependant à la racine, qu'il est déconseillé de consommer régulièrement, car elle contient non seulement beaucoup plus de principes actifs, mais aussi beaucoup plus d'alcaloïdes que les feuilles.
Cependant, dans certains pays comme le Canada, les produits contenant de la consoude sont interdits.

Si vous en achetez des pieds, il faut prendre la consoude de Russie, la « bocking 14 », hybride plus solide et d'un meilleur rapport que la consoude officinale ou sauvage. En effet, la consoude officinale est sensible à la rouille, ce qui n'est pas le cas de la Bocking 14. J'en ai acheté 3 pieds l'année dernière. Ils me font de superbes feuilles !

Pour la consoude sauvage, j'en trouve surtout près de rivières, elle semble aimer l'humidité.

Purin de consoude :

Un kilo de plante fraîche pour 10 litres d'eau (de préférence eau de pluie ou de source).

Hacher grossièrement les plantes. La fermentation prend 15 jours à 18°C. Elle peut être plus longue au printemps, ou plus rapide en été. Ca sent moins mauvais que le purin d'orties !! A utiliser dilué de 5 à 30%, sur le sol, pas sur les feuilles. La consoude s'utilise en particulier pour les plantes donnant fruits ou tubercules. Vous pouvez ajouter à la macération prêle, absinthe, tanaisie, thym, etc. pour y rajouter des propriétés insecticides et désinfectantes. N'oublions pas l'ortie, bien sûr, avec laquelle elle forme un engrais très complet.

La consoude sert aussi à faire de la teinture : Avec feuilles et tiges, avec de l'alun comme mordant, on a du jaune, avec de l'étain du jaune citron, avec du chrome un orange clair.

Les propriétés médicinales de la consoude viennent de l'allantoïne qu'elle contient, qui est un très puissant activateur de croissance cellulaire. Pour cet usage, on préfère la racine, qui en est bien plus riche. Comme on l'a vu précédemment, ne pas abuser en usage interne, mais il n'y a pas de restriction pour l'usage externe, les alcaloïdes n'étant pas absorbés par la peau. Cependant, dans certains pays comme le Canada, les produits contenant de la consoude - même concernant l'usage externe - sont interdits.

La consoude était très utilisée par les nourrices, qui souffraient fréquemment de crevasses aux seins : elles creusaient un trou dans une racine de consoude, et y mettaient leur bout de sein.

Les feuilles de consoude cuites, en cataplasmes, sont depuis longtemps utilisées pour guérir l'eczéma des animaux.

Usage médicinal

Propriétés générales, la consoude est :

Cicatrisante, vulnéraire (guérit les blessures), astringente, émolliente, béchique (calme la toux), rafraîchissante (calme la soif, diminue la température du corps), adoucissante (calme les inflammations), calmante, analgésique, antihémorragique.

L'époque de récolte de la racine est à la fin de l'hiver, les feuilles tout au long de la période de végétation, pour un séchage plus facile avant la floraison. Comme pour l'ortie, on peut en faire sécher les parties aériennes pour utiliser la consoude tout au long de l'année. Pommade de Maria Treben : Couper en petits morceaux 4 à 6 racines fraîches et lavées. Les faire frire peu de temps dans 250 g de saindoux (ou huile de palme), laisser reposer une nuit. Réchauffer le lendemain, filtrer. Mettre dans de petits récipients et conserver au réfrigérateur. Traite les plaies chez l'homme et l'animal.

Ce qui est le plus actif, c'est la pulpe de racine fraîche, en cataplasme sur plaies même infectées, brûlures, fractures, ulcères, entorses, etc.

Décoction pour compresses : 200 g de racine dans 1 litre d'eau, faire bouillir ¼ d'heure. Vu son pouvoir régénérant, la racine de consoude est aussi utilisée pour les soins cosmétiques.

Nutrition

Il y a paraît-il (livre de Bernard Bertrand sur la consoude) un souci avec la consoude officinale, moins avec la consoude de Russie : des passages amers. L'amertume peut arriver d'un jour à l'autre, et s'en aller aussi vite. Je n'ai jamais eu ce souci avec la consoude de Russie, ni avec la consoude officinale.

En dehors du séchage, vous pouvez aussi congeler la consoude, et en faire des conserves, comme pour l'ortie. En Angleterre, ont trouve à acheter de la consoude dans les boutiques de produits naturels, sous plusieurs formes, alors que je n'en ai jamais vu en France.

La consoude peut se cuisiner à la façon des épinards. On peut aussi utiliser ses grandes feuilles pour faire des genres de rouleaux de printemps, à la viande ou aux céréales.

Beignets : Bien presser deux feuilles dos à dos, les tremper dans de la pâte à beignets, les faire frire. Les feuilles de consoude ont un arrière-goût de poisson étonnant, ce qui les a fait surnommer « sole végétale ».

Consoude aux croûtons

500 g de jeunes feuilles, beurre, 15 pruneaux secs, croûtons aillés. Mettre dans une casserole pruneaux secs en morceaux et consoude dans un fond d'eau salée. Faire réduire, égoûter, et faire revenir dans du beurre. Ajouter les croûtons avant de servir.

Filets de truite

4 filets de truite, huile d'olive, 250 g de consoude, beurre. Sauce verte : 1 échalotte, 1 verre de vin blanc, 1 verre de bouillon de volaille, «30 cl de crème, 1 jus de citron, 6 feuilles de consoude

Préparer les filets, les faire cuire 5 minutes avant de servir.

Sauce : hacher les 6 feuilles. Faire revenir l'échalotte, ajouter vin blanc et bouillon, laisser réduire de moitié. Ajouter la crème, la consoude hachée et le jus de citron.

Garniture : Couper la consoude en lanières, faire revenir au beurre 5 minutes. Servez avec les filets et mettre la sauce dans un saucier.

Consoude à la japonaise

500 g de feuilles, 2 cuillers à soupe de sauce soja, 1 cuiller à soupe d'huile de sésame, 50 g de chair de crabe, crevettes, curry.

Blanchir la consoude 5 minutes dans de l'eau bouillante, égoutter et hacher. Dans un bol, mélanger sauce soja, huile crabe et crevettes, Verser sur la consoude.

Jardinière de légumes

250 g de consoude, 2 poignées de feuilles d'oseille, huile d'olive, 1 oignon, 1 cuiller à soupe de farine, 1 litre de bouillon, 2 jaunes d'oeufs, crème fraîche.

Faire blanchir la consoude, l'égoutter. Faire revenir l'oignon dans de l'huile, ajouter l'oseille hachée. Laisser cuire quelques minutes, ajouter la consoude, soupoudrez la farine, mélanger, ajouter le bouillon. Faire cuire pendant ¼ d'heure. Dans la soupière mélanger jaunes d'oeufs et 2 cuillers à soupe de crème, incorporez peu à peu la préparation de consoude. Vous pouvez ajouter des croûtons.

Croquettes de verdure :

1 bouquet de feuilles, 2 verres de flocons d'avoine, ½ verre de levure maltée, basilic. Faire cuire la consoude 5 minutes dans 3 verres d'eau salée. Ajouter basilic, flocons d'avoine, levure, un peu d'huile. Laisser reposer 20 minutes. Faire des boulettes et faire frire.

Chaudrée de consoude

200 g de feuilles de consoude, 1 oignon, 4 à 5 morceaux de petit salé, 2 pommes de terre, crème fraîche. Dans un « diable » en terre cuite, hachez l'oignon, coupez en 4 les pommes de terre, hacher la consoude, ajouter le petit salé. Laissez mijoter 3 heures. Au moment de servir, ajoutez pain de seigle et crème. Bon appétit !! Pour l'identification : les feuilles et tiges ont des poils rugueux, pas très agréables au toucher.


Cliquez pour vous inscrire à plantes-soigner-nourrir

Retour à la liste de fiches